Renata Libal, journaliste confirmée, ex-rédactrice en chef du magazine suisse Fémina (jusqu'au 30 avril dernier), rédactrice en chef de Fashion, cheffe de projets chez Edipresse, est, non seulement respectée dans sa profession, mais également une personnalité connue et aimée du grand public.
J'ai envie d'enlever les étiquettes impressionnantes, les carcans, d'oublier Mme Libal, de laisser Renata être une femme parmi d'autres et de la regarder avec des yeux libres, le temps de ces tiroirs à malices...
Renata est de ce genre de femme qui, même habillée d'un sac à patates, aurait de l'allure. Ce n'est pas le vêtement ou sa griffe que l'on remarque, mais le don et la manière qu'elle a de s'approprier une pièce. Elle sent instinctivement ce qui lui va, sans prétention. Un style classieux et intemporel se dégage d'elle et laisse sur son passage l'empreinte d'une belle femme racée. Son goût est plus que sûr, il est certain...
Je vous laisse en tête-à-tête avec Renata.
Depuis 2001, vous travaillez dans la presse féminine. De journaliste à rédactrice en chef qu’est-ce que cela a changé de votre vision de la mode ?
Un peu plus de moyens pour m’acheter une ou deux belles pièces par saison, mais au fond, j’aime toujours le même style de vêtements. Et je les remets souvent, accessoirisés un peu différemment. Le hic, quand on est rédactrice en chef, c’est qu’il y a passablement de représentations et que ça le fait moyen de porter cinq fois la même robe… Mais maintenant que je travaille sur un projet (toujours dans la presse féminine !) je suis un peu moins moins visible et je vais pouvoir ressortir certains trésors enfouis.
Echarpe Vuitton, cardigan Paul Smith, chaussures Bally : promis je ne mettrai pas toutes mes bêtes en même temps !
On glamourise, on fantasme sur le poste de rédactrice en chef de magazine féminin. En vérité, au quotidien, choisissez-vous vos tenues comme n’importe quelle femme lambda ?
Cela dépend des jours. Quand je dois écrire, je me love dans un jean et des mailles douces, car je suis incapable d’être créative si un ourlet remonte ou une veste me serre. Sinon, il y a pas mal d’aspects peu glamours : il m’arrive régulièrement de me changer dans le garage de l’entreprise, car je n’ai pas le temps de repasser chez moi avant une soirée et que je veux arriver fraîche. Ma voiture est un vrai vestiaire, avec collants de rechange, escarpins hauts et tout ce genre de choses.
Mon imperméable Lanvin... J'aime le gros noeud en ruban
Votre premier achat fashion ?
Ensemble pantalon de soie et veste à franges Romeo Gigli, du temps où il était célèbre et où les franges étaient à la mode une première fois.
Une touche de couleur bonne humeur, souvent trouvée chez Tara Jarmon
Et le prochain ?
Une robe Dries Van Noten, j’adore.
un vrai veston de mecs comme je les aime, celui-ci est un Notify
Quels sont vos basiques indispensables ?
Total classique : jean étroit et veste d’homme pour tous les jours, robe noire pour le soir. J’aime les belles coupes simples et les chichis m’agacent très vite.
J'aime les talons vertige - Chaussures Sartore
Qu’est-ce qui compte le plus, pour vous, dans une tenue ?
La tenue, justement. Que la ligne soit impeccable et ne devienne jamais un chiffon molachu. J’aime les vêtements qui sont comme une colonne vertébrale : qui vous incitent à lever le menton et à vous tenir droite.
Mes grigris, "Dodo" de Pomellato. Chacun est un cadeau avec une signification propre. Je les mets tous les jours ou presque.
Question accessoires, de quoi vous ne vous passerez jamais ?
D’un sac géant où je transporte toute ma vie et de mes bijoux grigris, tous offerts par ceux qui me sont proches du coeur
Mon compagnon du moment, un Ermanno Scervino
Avez-vous des indispensables fétiches que vous gardez envers et contre la mode ?
J’en ai plein l’armoire ! De la chemise blanche parfaite au pantalon noir… et je possède toute une collection de sacs vintage, Chanel, Gucci. Au fond, je crois qu’autant j’aime regarder la mode qui virevolte et caméléone, autant je préfère porter des indémodables.
Mes jeans, toujours des 7 for all mankind
Etes-vous fidèle à des marques ou des boutiques ?
A Lausanne, l’ex boutique Rouge de Honte (aujourd’hui Camille) est un must. J’y achète du Paul Smith (encore du classique, mais avec un twist !) et du Dries et parfois quelques top (très jolis décolletés !) de la marque suisse Nuit Blanche. Sinon, Diane de Fustenberg pour la petite robe, quelques pièces de Lanvin pour le soir (aux soldes !). Mes jeans sont toujours des Seven for all mankind, la seule marque qui aille à mes fesses et j’aime les blousons de cuir et les pantalons de mecs signés Marithé et François Girbaud. Ah oui : et un petit truc joyeux et coloré de Tara Jarmon, de ci de là.. Mais si je pouvais, je m’habillerais en Hermès de pied en cap. En attendant de gagner à la loterie (à laquelle je ne joue pas) je porte un bracelet et quelques carrés, souvent accrochés au sac, comme dans les sixties.
J'ai toujours la gorge emmitouflée, parfois même en été
Etes-vous plutôt une consommatrice frénétique ou réfléchie ?
J’achète beaucoup en peu de temps, durant un séjour parisien, par exemple. Puis plus rien durant des semaines. C’est une sorte de garde-robe de saison en version flash, mais je me trompe assez rarement… Encore que : j’ai une robe du soir rose (rose !? où avais-je la tête ???) pendue au fond de l’armoire depuis 5 ans. Jamais mise !
Ma penderie, variation de noir et gris. Zut, il me faut de la couleur
Vous apprivoisez les pièces ou vous n’achetez que celles qui, intuitivement, vous iront, à la mode ou pas ?
Les seules pièces un peu folles que je porte sont les chaussures… J’ai notamment une paire de bottes en crin imprimé de fleurs, que je porte avec bonheur. Et aussi quelques vertiges avec lesquels il faut réapprendre à marcher à chaque fois. Mais outre cela, j’ai tendance à toujours acheter la même chose. Et j’hésite ensuite longuement devant mon armoire pour savoir lequel de mes pantalons j’ai envie de mettre
Les carrés Hermes à oiseaux sont subtilement désuets et le petit Chanel, éternel
Etes-vous une conservatrice ou une libératrice du dressing ?
Totalement conservatrice. D’autant que j’aime les pièces anciennes et qu’il m’arrive d’acheter en seconde main.
Un Lancel pour appeler le soleil
Quand la mode est un métier, comme pour vous, arrivez-vous à garder de la distance ?
Je le crois. Quand je me retrouve au milieu de la folie des défilés, par exemple, j’ai tendance à regarder la mode comme un spectacle. Un cadeau pour les yeux, de la matière à rêve et à inspiration. Alors, comme au théâtre, ce n’est pas parce que l’on aime que l’on doit faire totalement partie de la pièce.
Que vous apporte la mode dans votre vie ?
De l’énergie positive, du jeu, une manière de se déguiser chaque matin en celle que l’on a envie d’être pour une journée.